Agence de presse vichyste et pro-allemande, l’agence Inter-France manipula la presse de province pendant les « années noires ». Les journaux de la région, quotidiens et périodiques – qu’il s’agisse de L’Indépendant, du Courrier de Céret, de La Dépêche de Toulouse, du Petit Méridional et de L’Éclair de Montpellier, du Journal de Limoux ou de L’Agathois etc. – ne furent pas à l’abri de « la plus néfaste et la plus importante des agences de presse de la Collaboration » (Le Populaire du 14 mai 1949).
Avant même d’utiliser les dépêches estampillées Inter-France, ces mêmes journaux roussillonnais et languedociens, actionnaires de la SA Inter-France, contribuèrent, avec des centaines d’autres de France et de Navarre, à la création et au développement d’une centrale dont la presse de la Libération put écrire qu’elle fut l’une des plus « parfaites officines de la trahison qui aient été montées dans notre pays » (Le Parisien Libéré du 16 juin 1949).
Entreprise patronale sous le Front populaire, d’abord nationaliste puis ouvertement collaborationniste, enfin franchement hitlérienne, « véritable directrice de conscience des journaux au service de l’ennemi » (Le Monde du 16 juin 1948), l’agence Inter-France disparut avec la Libération, non sans laisser quelques surgeons qui s’épanouirent dans les années 1950-1960.
Aujourd’hui encore méconnue pour ne pas dire inconnue, sortie de l’oubli grâce aux archives de L’Indépendant relayées par les archives publiques, l’histoire de l’agence Inter-France n’est sans résonances avec la guerre en Ukraine, dernier et terrible exemple de la manipulation de l’opinion par les médias à travers la désinformation, la propagande, les communiqués fallacieux et autres fake news.